L’enfant que j’étais avait une connexion très profonde et spontanée avec les bêtes. Je ressentais intuitivement que nous appartenions au même Tout et leur présence m’était familière. Cet amour des bêtes et du Vivant en général ne m’a plus quittée.

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C’est pourquoi, quand j’ai découvert les images de Vincent Munier, j’ai été saisie d’une émotion intense. Beaucoup de photos animalières sont époustouflantes de perfection mais ce photographe passionné, passé maître dans l’art de l’affut, va bien au-delà. Il nous offre à voir les bêtes dans leur essence, avec une pureté et une poésie qui ne peut que nous émouvoir profondément.

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L’analogie avec les musiciens m’est tout de suite apparue : la patience, nécessaire devant le temps long de l’approche et de la connaissance d’une œuvre, est indispensable pour que la technique se laisse oublier et soit transcendée. C’est ainsi que les photos de Vincent Munier, comme les notes et les harmonies, trouvent facilement le chemin vers notre âme. Et c’est précisément ce qui nourrit depuis toujours ma passion pour la musique : cette capacité à venir parfois nous caresser l’âme.

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L’idée d’un spectacle qui serait une rencontre imaginaire avec ces bêtes m’est venue tout naturellement. Grâce aux images de Vincent Munier et à la musique de Jean-Sébastien Bach, Claude Debussy, Johannes Brahms et d’autres, je vous emmène dans un voyage où les frontières entre le réel et l’imaginaire sont abolies et qui nous rappelle ce parfum de l’enfance qu’est l’émerveillement.

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Quant à la harpe, mon alter ego, de nombreuses civilisations lui attribuent la faculté de relier la terre au ciel. Dans l’imagerie populaire, elle est souvent associée à la nature et, comme les bêtes, elle fascine ! Mystérieuse, souvent cachée (dissimulée au fond de l’orchestre), mythique, la harpe sera donc la pierre angulaire du spectacle.

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Enfin, ce spectacle est aussi en cohérence avec mon engagement pour la préservation de la vie sur notre planète. Ayant passé toutes mes vacances à la campagne, proche de ceux qu’on appelait encore du noble mot de paysans, j’ai eu la chance de vivre dans une nature encore préservée, pleine de fleurs, d’insectes de toutes sortes, de papillons multicolores, d’oiseaux, d’étables pour 8 vaches...

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Je voudrais donc dédier ce spectacle à ces paysans, Jojo, Riri et à cette petite fille qui connaissait tous les sentiers les plus secrets et qui courait, qui humait, qui écoutait, qui caressait, libre...

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Isabelle Moretti